Shiver, l’enfant des ténèbres, un film d’Isidro Ortiz
Synopsis
Santi (Junio Valverde) est malade, le soleil pourrait lui être fatal et c’est pourquoi sa mère (Mar Sodupe) finit par accepter d’aller vivre dans un village de montagne, beaucoup plus ombragé que leur ville actuelle (précisons que nous sommes en Espagne). Seulement, peu de temps après leur arrivée, la forêt qui entoure et envahit les lieux devient le théâtre de meurtres sordides. Les nouveaux arrivants se voient forcément accusés…
D’emblé, on comprend que ce film ne s’appuiera pas sur des protagonistes lambda puisque l’un d’entre eux souffre d’une pathologie plutôt rare. Ceci dit, ce ne sera pas forcément l’épicentre des quatre-vingt-dix minutes qui suivent. En effet, il y a dans ce thriller (que j’ai trouvé proche du conte) une multitude d’autres éléments, les pistes sont littéralement brouillées. Certains trouveront peut-être ça dommage d’ailleurs…
L’ambiance générale est plutôt anxiogène à plusieurs niveaux (que je tais volontairement pour ne pas spoiler) et certaines scènes invitent au suspense sans que ce soit réellement insoutenable. Je dirais que la peur est plus saupoudrée que granuleuse ! L’un des gros intérêts de ce film selon moi, c’est de ne pas donner à voir ce qu’on attend de lui, je m’explique : il y a une multitude de possibilités envisageables pour expliquer les meurtres. L’auteur nous donne des indices. À ce stade on aurait pu s’attendre à une enquête crescendo et sans surprise avec ses deux trois moments de gloire… Mais au contraire, on repart sur autre chose, notre point de vue change et les révélations sont tardives, tout en respectant un bon rythme tout au long du film. Ici il semble que des chemins soient tracés par les réalisateurs puis volontairement effacés pour mieux nous égarer. Soit j’étais crevée et mon cerveau était déjà loin, soit il y a vraiment de quoi s’interroger jusqu’à la fin du film.
Les décors sont magnifiques. Très sincèrement (et sans vouloir être désagréable) je crois que c’est ce qui m’a le plus plu dans ce film : l’ombre sur les montagnes, les forêts qui les recouvrent, les villages qui s’y cachent (oui, j’adore la montagne…*soupir nostalgique*…). Je reprocherais juste certaines scènes qui dans une trop grande obscurité sont un peu frustrantes, bien que cela soit sans doute volontaire. Les bâtiments sont, comme très souvent dans le cinéma hispanique, très plaisants et tout à fait adaptés à l’ambiance du film (maison, asile…).
Les personnages ne sont pas forcément très creusés, du moins pour les secondaires. Le jeune garçon au centre de l’histoire est quant à lui beaucoup mieux présenté et surtout, plus crédible ! Il a des réactions que je comprends davantage que pour certains de ses camarades. En revanche, l’un d’entre eux ajoute indéniablement une petite touche souriante à l’histoire (je ne dis rien, mais vous verrez bien…). Je trouve la mère (Mar Sodupe) très agréable, cette actrice ne répond sans doute pas à tous les canons de beauté hollywoodiens, mais elle dégage une aura sur l’écran, quelque chose d’authentique (ce n’est là qu’une impression personnelle…).
Il y a donc de nombreuses fausses pistes dans cette réalisation. Soit, vous n’aimiez pas l’idée première et dans ce cas, c’est une bonne surprise de la voir disparaitre. Soit, vous attendiez de savoir (c’est quoi ces canines ?) et vous êtes un peu déçu. C’est là l’aspect le plus négatif que je me permettrai d’évoquer. Pour d'autres ce serait une certaine platitude…ou quelques clichés…mais franchement moi j’ai eu envie de jouer le jeu et j’ai passé un bon moment!
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