Les Ô troubles

Les Ô troubles

Coben Harlan, Ne t’éloigne pas, (Stay close, 2012) Pocket, 2014

       

6/10

 

        Megan est une mère et une épouse modèle, qui cache une sulfureuse jeunesse – une vie excitante qu'elle a dû abandonner 17 ans auparavant. Ray est un paparazzi qui regrette son statut de photo-reporter et sa gloire d'antan, volatilisés à la suite d'un drame 17 ans auparavant. Broome est un commissaire obsédé par une vieille affaire : Stewart Greene, disparu à la sortie d'un club d'Atlantic City, 17 ans auparavant. Une nouvelle disparition – même lieu, mêmes circonstances – et quelques photos anonymes vont venir réveiller les crimes passés et révéler, derrière les blanches palissades, l'envers du rêve américain. (4e de couverture)

 

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        [Ah ! Ce fameux appel du « pourquoi pas moi ? » Pourquoi ne tenterais-je pas un livre d’Harlan Coben ! Au moment même où je me posais cette « existentielle question », une amie lectrice me propose ce livre : Ne t’éloigne pas. Me connaissant bien, elle ne m’a divulgué ni trop de détails, ni son ressenti complet, et j’ai donc pu entamer ce livre avec une objectivité parfaite ! (Merci à elle !)

Me voilà donc plantée là, avec cet auteur que je ne connais pas du tout entre les doigts, alors que nombreux sont ceux qui l’adorent et me disent « mais si, vas-y, tu vas adorer », etc. C’est parti, je découvre :]

 

        Dès les premières pages, le rythme est grisant, l’intrigue claire et terriblement ambitieuse se met en place avec maitrise, une dextérité qui laisse présager du meilleur. C’est avec ce ressenti que défile la première partie de l’ouvrage. Tout au long des deux premiers tiers, les récits se superposent de manière à dévoiler toute l’amplitude de cet éventail mystérieux. Les personnages sont nombreux, mais par un style simple et habile, Harlan Coben ne nous perd pas en route. Le monde interlope des bars à effeuilleuses d’Atlantic City sert de décor à ce nœud étrange, où chaque année, un homme perd la vie ou disparaît la nuit du Mardi gras…

 

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        Rapidement, le personnage de Megan se détache. Ancienne stripteaseuse, elle s’est rangée depuis un bon moment maintenant, mais son passé la hante encore, la vie de Monsieur tout le monde n’est pas forcément celle à laquelle on peut individuellement s’attacher. D’ailleurs, elle ne va pas tarder à faire une plongée douloureuse dans le monde qu’elle a quitté, parler à ses fantômes et devenir, finalement, plutôt inintéressante… Son personnage n’a rien de « personnel », juste ce qu’il faut pour en faire un bon protagoniste de thriller, sans réelle originalité. Je m’en suis vite lassée.

        Ray, seconde figure dominante à la gueule mal rasée, au museau qui pue l’alcool, à l’allure et aux relents d’une vie de regrets, présente une autre facette du protagoniste de polar. Il se retrouve pris dans les remous de l’histoire, à sa façon, mais j’ai beaucoup de mal à le trouver intéressant une fois le voile à demi levé. De nouveau, bien que soigné et évoluant parfaitement dans l’intrigue, le personnage me parait s’essouffler.

        Enfin, Broome, commissaire minutieux et qui porte le fardeau de tout « bon flic de polar » : l’Affaire (avec un grand A) qui continue à le posséder, celle qui le pousse à persister, celle qui le fait douter et qui lui donne un visage humain. Le « bon flic » quoi ! Si en plus cette affaire à un lien avec l’intrigue présente, ce personnage devient héroïque.

        Finalement, on retrouve une brochette d’acteurs lambda pour une enquête de ce genre. On y adhère aussi vite qu’on les oublie.

                                                                                     

        En ce qui me concerne, ce panel de figures n’est pas celui qui m’a le plus plu. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que de l’autre côté du rideau il y a un couple (je ne dirai volontairement rien de leur rôle) qui verse un peu de vitriol sur cette intrigue, le condiment parfait ! Mais malheureusement, avec eux aussi, l’auteur semble abandonner…

 

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        Vous l’aurez compris, la première partie de cet ouvrage m’a sincèrement plu, avec quelques touches classiques sur un fond palpitant, intrigant, et qui semble inexplicable au point que le suspense soit total. À ces éléments, s’ajoutent un décor maitrisé et des personnages à 100% dans leur rôle (un peu trop d’ailleurs). Seulement, voilà…il me semble que l’auteur soit bien plus doué pour entretenir le mystère que pour en donner la clef…Alors, certes, les curieux seront satisfaits, car tout est minutieusement expliqué, mais après être monté bien haut, c’est un peu une chute libre ! Dommage !

 

        Finalement, je peux dire que cette lecture s’apparente à un tour de montagnes russes : une première partie qui monte doucement, qui nous enveloppe, nous prépare à faire un grand saut et puis…une descente rapide, les dents dans la barre de fer, et l’arrivée sur l’envers du décor… C’est vraiment regrettable parce que j’y ai cru, sincèrement, j’y ai cru ! D’ailleurs, si on regarde l’ensemble, ce n’est pas une mauvaise lecture pour moi, puisque le suspense a bien été présent sur toute une partie. Non, vraiment, c’est juste le pot aux roses qui flanche…

 Voilà, mais je n’en reste pas là, et je ressaierai parce que le début était si bien que je ne peux pas rester sur cette demi-teinte !

 

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Et dernière petite chose : pourquoi cette couverture pour une telle histoire ??



23/07/2015
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