La résurrection des poulets rôtis, Daniel Pasquereau chez Lokomodo, Juin 2013
Fred, trentenaire décavé, n’aurait pas dû accepter l’invitation d’un ami pour assister au vernissage de l’exposition du sulfureux sculpteur Tibor Petak. Certes, il n’aurait pas rencontré la belle Nina, collectionneuse d’art érotique, ni fini la soirée dans son lit. Mais en apprenant le lendemain que les invités au vernissage étaient tous morts congelés, il n’aurait pas compris qu’il restait un témoin gênant : lui. Ce n’est que le début de sa descente aux enfers… (4e de couverture)
Voilà un titre qui en dit trop ou pas assez ! C’est donc avec amusement et curiosité que j’ai entamé ce volume, convaincue par un intrigant résumé. Finalement, oui je fus surprise, mais pas de la façon dont je m’y attendais ! En effet, derrière cette couverture, ce n’est pas véritablement un thriller que vous trouverez (à mon goût) ni une simple intrigue fadasse. Je ne sais pas dans quelle catégorie devrait être enregistrée cette Résurrection, mais en ce qui me concerne, je l’ai vécue comme un récit difficilement classable, à mi-chemin entre le texte biographique et le polar.
Si je devais ne retenir qu’une chose ici, ce serait sans aucun doute le très agréable style de l’auteur, l’aspect outrageusement plaisant de son écriture. On lit sans s’en rendre compte, les images ne rencontrent aucun obstacle dans notre esprit et glissent sur la fluidité du style. Indéniablement, il y a là une plume souple et délicieuse ! C’est ce qui a constitué le point fort de ma lecture. Les scènes se délient doucement, on commence par nous présenter les protagonistes, puis l’intrigue avance calmement…
L’histoire, quant à elle, est étrangement menée. Comme je le disais, on ne peut pas parler de véritable suspense intenable (en tout cas, ce fut mon ressenti). Ce livre se construit plutôt comme une vague, avec ses moments qui restent en suspens, ses creux sur fond de silence lourd, et ses retombées fracassantes. On apprend à connaitre Fred, le personnage clef de l’intrigue, puis ceux qui gravitent autour de lui, pas toujours aussi vraisemblables…
Les personnages donc, ne m’ont pas tous convaincue…Le principal : Fred m’a plu, crédible et plutôt bien mis en scène. Il a des réactions qui paraissent sincères et l’on en apprend assez à son sujet pour se sentir « à l’aise » avec lui. Avec un humour grinçant, il met parfois en relief des réactions terriblement humaines. Il constitue un bon fil conducteur pour nous guider dans cette aventure et je l’ai suivi bien volontiers ! En revanche, les autres personnages ne m’ont pas plus atteinte que ça…Ils sont moins creusés (en même temps, cela ne semble pas nécessaire…) et moins crédibles à mes yeux. Ceci étant, ils servent tous très bien l’intrigue.
Ici, il y a plus de scènes rouges que de scènes noires. Je veux dire par là qu’il y a bien un thème glauque : mélange d’art et de décomposition, d’œuvre et de mort, mais sans plus. C’est un point que je regrette un peu parce que j’aime lorsque l’être humain cherche à investir ce qui représente sans doute sa plus grande peur. Bref, tout ça pour dire que vous aurez plus de détails sur leurs ébats amoureux que sur les cadavres congelés !
De manière générale, j’ai plutôt pris plaisir à lire ce livre parce que, comme je le disais, le style vous embaume, l’ambiance vous happe et tout se passe bien…Tout ? Non, là j’exagère un peu…Malheureusement, la fin ne m’a pas séduite, la chute brutale m’a laissée en haut de la pente, sceptique et un peu amère. Ou bien suis-je passée à côté d’un point essentiel ? Dans tous les cas, cette fin en séduira sans doute beaucoup parce que chacun a sa façon d’aimer les chutes !
Sur ce et bien…bonne dégustation !
A découvrir aussi
- De Fièvre et de Sang, de Sire Cédric
- Moi et ce Diable de Blues, de Richard Tabbi & Ludovic Lavaissière aux éditions du Riez
- Dernière fenêtre sur l’Aurore, David Coulon, chez Asgard Éditions, Juin 2013
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