Les résidents, Amelith Deslandes, Editions La Madolière, Collections Myriades, 2012
Quand Von Würssels convoque Naëlle pour lui proposer une nouvelle mission, il ne s'imagine pas que celle-ci viendrait accompagnée de sa petite sur Auna et sa simple présence pourrait bien avoir de fâcheuses répercussions. Un compte à rebours s'enclenche alors. Quelles créatures peuplent la nuit de ce village oublié et maudit ? Qui tue et mutile des femmes sans laisser de traces ? Que cache cette maison à l'architecture démente ? (4e de couverture abrégée)
Le premier roman d’Amelith Deslandes ! Enfin, entre mes mains! L’ambiance se prête tout particulièrement à cette lecture puisque nous voilà isolés, dans un chalet de haute montagne et que l’orage gronde au loin…J’adore ce début de soirée !
Mon avis général sur ce texte ? Pour être tout à fait franche et honnête, ce ne sera pas mon préféré… En effet, je reste conquise par les nouvelles déjà lues, mais beaucoup moins par ce récit. Attention, je n’ai pas dit que je n’aimais pas, c’est même tout le contraire ! C’est juste qu’il manque un petit « je ne sais quoi »… Ou peut-être suis-je juste mauvaise lectrice quand j’ai chaud…Voyons un peu…
L’ambiance générale du livre est délicieuse et grinçante. L’histoire est portée par plusieurs récits imbriqués et, même si au début je m’y suis un peu perdue, j’ai fini par y trouver ma place et en voir tout l’intérêt…C’est un dédale angoissant, prenant, une succion malsaine qui nous retient…on ne peut absolument pas lever les yeux de ce monde dès lors qu’on y a posé le pied !
Le style de l’auteur reste le même, ni trop, ni trop peu. Amelith Deslandes reste efficace sans être exubérant, c’est quelque chose que j’aime beaucoup dans ses textes : un mot placé au bon endroit en vaut dix qui n’y ont pas leur place (enfin, c’est ce que je crois...)
(Avec ici une passion certaine pour le mot « artefact »…désolée pour cette remarque puérile, mais c’est trop évident !).
Si l’on entre dans le corps du texte, je trouve que le bestiaire immonde que l’auteur met en place, que les protagonistes mettent en branle, est juste fabuleux ! Pour moi, les créatures que l’auteur dessine entre les lignes sont l’atout majeur de ce roman. Il met en scène un monde, une folie, qu’on découvre un peu plus à chaque page et qui se laissent dévorer par paliers. Au départ, j’étais franchement surprise; il n’est pas toujours aisé de mettre un visuel sur les mots d’Amelith Deslandes. Puis, les pages se tournant, l’image s’est clarifiée sur mes rétines et…c’est l’horreur encrée sur le papier !
La maison gigogne est un autre élément à la fois clef et véritable joyau du livre. Elle devient vivante, joue un rôle d’ennemi entêté et prêt à tout. Les statuts, les énigmes, tout se prête à créer une ambiance trouble et innommable. Cette demeure est fabuleuse ! Ne serait ce que pour y accéder, le village qui l’abrite est anxiogène, le chemin est opaque et la carte chimérique.
Le temps aussi est perçu différemment dans ce récit, recelant des possibilités folles et passionnantes… (Parfois il offre cependant une explication un peu simple, avis personnel). La mise en place de preuves troublantes, d’une « mythologie » obscure… Toutes les pierres de cet édifice narré sont scellées dans l’angoisse pour offrir au lecteur un bien agréable frisson.
Non, vraiment, ce n’est pas dans ces domaines que je dois chercher ma déception…
Les protagonistes ne m’ont pas touchée en revanche.
Peut-être que mon trouble provient de la superposition de divers personnages que, finalement, nous n’apprenons pas à connaître. C’est justement ce que j’aurais voulu voir : comment Amelith Deslandes peut donner un souffle plus long à ses rôles. Or, finalement ici, ils ne me sont pas apparus plus creusés que dans une nouvelle. Je crois que c’est ça le « je ne sais quoi » que je trouve manquant. Je m’attendais à voir un déploiement et j’en étais impatiente, mais finalement, ce n’est pas de ce côté qu’il faut chercher…
Ceci étant, j’ai passé un excellent moment avec Les résidents et, j’allais oublié de le préciser : j’adore la couverture !
A découvrir aussi
- Le wagon, de Philippe Saimbert et Isabelle Muzart, aux éditions Asgard, 2006
- Un bûcher sous la neige, Susan Fletcher, Éditions J’ai Lu, 2013
- Démon sans visage, de Kévin Iacobellis, Bookelis, janvier 2014
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