Le wagon, de Philippe Saimbert et Isabelle Muzart, aux éditions Asgard, 2006
Un train emporte un groupe de voyageurs à la rencontre de mystérieux phénomènes, relatés par la presse locale d’un petit pays d’Europe centrale. En pleine nuit, leur wagon se détache : ils se retrouvent abandonnés au beau milieu d’une vaste forêt recouverte de brume. Dès lors, l’excursion tourne au cauchemar.
Apparitions étranges et surnaturelles, puis morts brutales vont s’enchaîner tout au long du récit. S’agit-il d’une rencontre du troisième type ou de quelque chose de plus incroyable encore ?
Hum ! Un petit livre bien agréable à l’intrigue palpitante. Impossible à lâcher avant la fin. Mais la fin justement j’y reviendrai, petite déception pour moi.
Après un début un peu brouillon en ce qui concerne la mise en place des personnages (avis personnel), les auteurs nous plongent dans un mystère opaque et séduisant. Terriblement séduisant ! Lorsque vous choisissez de monter avec les protagonistes dans ce train, dans ce wagon précis, vous êtes presque immédiatement dévorés par l’envie de savoir : quoi et pourquoi ? Toute la lecture n’est qu’une succession de questions troublantes et dévorantes … un délice !
Et puis la locomotive s’ébranle et « l’aventure » commence. La « cargaison » s’engouffre au cœur d’une forêt à l’allure lépreuse, troublante et lugubre. Ce choix d’utiliser la profondeur sauvage me plait. Il me fait immanquablement penser à ces peurs ancestrales qui remontent si vite en chacun de nous, aussi urbains que nous soyons et même si nous nous réfugions désormais dans nos technologies. Qui n’a jamais ressenti le vrombissement intérieur d’un inexplicable effroi sans âge ?
Une forêt d’où émanent des bruits gutturaux, plongée dans un brouillard aveuglant…c’est très agréable, simple et pourtant terrifiant.
Les personnages qui ont pris place dans le wagon sont tous dignes d’intérêt. À leur façon on le sait, ils cachent tous quelque chose. Et pourquoi avoir voulu participer à ce voyage ? Les deux enfants apportent (à leur manière) une fraicheur naïve à l’ouvrage en ne voyant que par les vampires ou les extraterrestres. C’est plutôt amusant et justement placé. Tous les autres protagonistes sont intrigants. Personnellement si j’étais avec eux, je ne sais pas à qui je me fierais…à qui ferais-je confiance ?
De manière générale le rythme de cet ouvrage est bien mené : il n’y a pas d’ennui, pas d’incohérence sournoise. Mais surtout, jusqu’à l’approche de la fin, quelle atmosphère anxiogène et quel suspense remarquables. Les évènements se succèdent, nous entraînent toujours à nous questionner, ne laissant que peu de répit à nos pauvres petites cellules grises (en tout cas, ce fut mon ressenti). C’est vraiment le point fort de ce livre, ce mystère omniprésent.
Les auteurs se jouent aussi remarquablement de nos sens: la vue est entravée par le brouillard, les bruits semblent venir de partout…nous sommes aux aguets ! Très plaisant, vraiment.
Bon, je n’aime pas ça mais, passons à ce que j’ai moins aimé…la fin…Ne vous en faites pas il n’y a aucun spoile, ce livre vaut trop la peine d’être lu pour tricher. Je disais donc, la fin. Cette remarque est purement liée à mes goûts littéraires et à l’état d’esprit dans lequel j’ai lu ce livre donc ce peut être éphémère, mais…je ne voulais pas ça moi ! On nous préparait à tellement mieux ! Il y avait tant de possibilités palpitantes ! Non ! Pourquoi quelque chose comme ça ? Finalement, ça a un peu tué toutes mes agréables interrogations…
Ceci dit, si je reprends mon masque de bon lecteur : c’est bien pensé et surprenant. Le livre ne trahit pas ses promesses et nous voyageons, loin.
Pour conclure : je le conseille très sincèrement et en toute objectivité si vous aimez les intrigues sombres, voire macabres, et que vous êtes sûrs de ne pas être attendu dans les heures qui suivront le début de votre lecture, car croyez moi, vous serez en retard !
A découvrir aussi
- L'affaire Charles Dexter Ward
- La légende de la femme louve, tome 1 : Cheveux de feu, Sylvie Wolfs, aux éditions Lokomodo, 2012
- Les Chaînes d’Eymerich, de Valerio Evangelisti (2e volume de la série Eymerich) traduit de l’italien par Serge Quadruppani pour les Editions La Volte, Septembre 2011 (VO italienne en Milan 1995)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 21 autres membres