La légende de la femme louve, tome 1 : Cheveux de feu, Sylvie Wolfs, aux éditions Lokomodo, 2012
Jamais l’Irlandaise et le Sioux n’auraient dû se rencontrer. Entre eux, un océan. Des océans… 1845. Jewell O’Connor et Zuzeca Cik’ala Iyasni ne sont encore que des enfants, mais déjà ils luttent pour leur survie dans un monde qui s’effondre. Pour elle, la famine. Pour lui, la guerre. Pour eux deux, la barbarie. Au fil des bonheurs, des apprentissages, des drames et des épreuves, ils cheminent l’un vers l’autre. L’Irlande de la Grande Famine, la New York des gangs, l’Amérique de la conquête de l’Ouest, les grandes plaines sauvages et ses tribus indienne. Une épopée pleine de vent, de fureur et de mystère. Une quête de liberté et d’identité. Une histoire de courage, celui d’une femme flamboyante et rebelle. Mais plus que tout, une grande histoire d’Amour qui marquera à tout jamais une légende à naître : celle de la Femme-Louve. (4ème de couverture, Éditions Lokomodo 2012)
Je suis toujours plus longue à donner mon avis sur un livre, c’est plus fort que moi, je respecte les auteurs et leur travail et en même temps je me suis engagée à être sincère… Ce n’est pas toujours un dilemme facile. Cependant là, je n’ai aucune gêne à m’exprimer puisque j’ai vraiment aimé ce volume ! Le seul problème réside donc dans le texte à écrire pour faire passer mon ressenti… Pourquoi ? Et bien parce que (ce n’est que mon point de vue, mais) j’y ai trouvé bien plus qu’une simple « histoire »…je m’explique ;
Le début de l’œuvre nous présente deux vies en parallèle, par système de chapitres interposés. L’une d’elles m’est apparue comme une ode à la nature sauvage (celle de Petit-Serpent-Immobile, un indien magnifique et touchant) et l’autre, comme le tracé de ce que l’être humain peut porter de pire en lui (celle de Jewell). J’avoue qu’à cet instant, petite frayeur…on ne va pas rester dans ce manichéisme tout le long j’espère ? Ça aurait pu devenir glauque (je pense à la vie de Jewell en Irlande et à son arrivée à New York). Et bien absolument pas puisqu’avec finesse Sylvie Wolfs utilise ces prémices pour construire quelque chose de bien plus grand. Le cours des existences crée des rencontres magiques ou détestables, mais toujours animées d’un panel de sentiments humains forts, auxquels on peut s’identifier, sur lesquels on peut s’interroger. Il n’y a pas de certitudes, d’êtres forcément bons ou forcément mauvais, c’est très agréable.
L’histoire, de manière générale, nous invite justement à réfléchir sur ce que la vie peut créer ou défaire, sur le rôle des Hommes et de leurs sentiments. Oui, vous l’aurez sans doute compris, nous n’avons pas réellement (pas du tout selon moi) à faire à une œuvre fantastique. Certes, il y a de la « magie », mais elle est presque animale, il s’agit ici d’un aspect intrinsèque aux Indiens d’Amérique… (Bien plus puissants que nos diseuses de bonnes aventures soit dit en passant !) Finalement, nous nous rapprochons petit à petit du western, acclimaté par l’auteur (qu’elle me pardonne l’expression…). En effet, c’est l’Amérique des premiers jours qui est évoquée, son caractère sauvage et extrême, ses océans de verdure et ses roches sculptées…magnifiques…(J’ai vraiment aimé la force de la nature…) Bien évidemment, on y rencontre autochtones et nouveaux venus, ce qui permet aussi à l’auteur de nous laisser réfléchir sur la stupidité des Hommes, sur leur violence irréfléchie même lorsque tout leur est offert…
Finalement, sous les yeux du lecteur, c’est aussi une machine de guerre qui se met en branle, dans ce qu’elle a de plus lugubre et de plus inéluctable. Et nous-mêmes ? Que penser ? Qu’aurions-nous fait ?
Il m’est apparu ici que l’homme blanc n’était mis en valeur qu’à travers le prisme des Indiens qui représentent le bien, la sagesse et le respect. Pourtant, l’auteur choisi de nous montrer à quel point ce n’est absolument pas fatal, à quel point tout est encore possible sur cette terre qu’est l’Amérique. Les situations sont violentes, les choix drastiques et lourds de conséquences, mais après tout, dans certaines situations, le besoin de vengeance ne brûle-t-il pas toute volonté de réflexion ?
Les personnages sont d’une rare richesse et peuvent être perçus sous plusieurs angles : leur instinct animal, leurs sentiments humains, leurs principes avoués et enfouis. Les individus secondaires soulignent avec brio les situations et la conjoncture des rencontres et des départs, qui reste toujours crédible. Je ne peux pas ici reprendre tous les êtres évoqués dans ce texte, mais j’ai envie de m’arrêter sur les femmes…Je vous parlais d’un livre proche du western (choix audacieux, mais tellement bien réussi par l’auteur…) et pourtant, contrairement à la plupart des œuvres du genre, ici les femmes sont primordiales et magnifiées. Jewell, actrice principale du volume, véritable héroïne, réunie à elle seule tant de ses consœurs ! Je ne veux pas gâcher le plaisir de la découverte pour le lecteur à venir donc je vais rester évasive, mais, humiliée, terrorisée, elle devient pourtant magnifique, fière et forte, mère et guerrière... Une fois de plus la force animale se mêle à l’humanité du personnage pour offrir un être sublime. Cette héroïne est belle.
Bien, je dois conclure, mais vous l’aurez compris, j’ai passé un excellent moment avec cet ouvrage que je conseille vivement et dont j’attends avec impatience de me procurer le tome 2…
A découvrir aussi
- The Walking Dead, L’Ascension du Gouverneur, de Robert Kirkman & Jay Bonansinga
- Sleepy Hollow, Washigton Irving, Éditions Mille-et-une-nuits
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