Le manoir de l’horreur, tome 3, d’Ochazukenori, aux Éditions Delcourt, 2004
Des têtes disparaissent… Elles sont arrachées puis disparaissent… Unique témoin, Kayo est interrogée. Sa mère est là pour la protéger. Mais, subitement, l’inspecteur ressent une douleur au cou. Des têtes disparaissent… Elles sont arrachées, puis disparaissent… D’autres nouvelles, tout aussi horribles, vous attendent dans ce troisième volume du Manoir de l’horreur.
J’adore cette série ! Voilà, je pourrais m’arrêter là. Mais non, vous me connaissez, je vais développer un peu, ne serait-ce que pour rendre hommage (piètre certes) au travail de l’auteur !
Il s’agit toujours de plusieurs histoires horrifiques, menées avec talent par l’imagination malsaine d’Ochazukenori. Ce qui est extraordinaire avec lui, c’est que rien n’est impossible dans le domaine de l’épouvante, il ne vous mènera jamais dans le mur des clichés. Il crée un monde inattendu de violence, la place partout : au sein du foyer, du couple, dans un groupe d’amis, entre les mains d’une adorable fillette.
L’avantage du manga (et de tout ce qui tourne autour de l’illustration généralement) c’est qu’il n’y a pas les mêmes limites que celles que vous pourriez rencontrer au cinéma par exemple. Ainsi, sans avoir à se soucier de la faisabilité des effets spéciaux ni du rapport espace / temps, l’auteur construit un monde d’horreur sans limites. Un monde qui passe du macabre au gore, de la folie à la préméditation mesurée.
Ici, aucune histoire ne se suit, on ne retrouve jamais les mêmes protagonistes d’un récit à l’autre (ce qui n’est pas toujours le cas dans cette série).
Certaines histoires sont d’une simplicité enfantine, ou plutôt devrais-je dire qu’elles pourraient être d’une simplicité enfantine. Mais, l’imagination de l’auteur développe les côtés les plus lugubres et bouleversants qu’elles peuvent avoir. On ne sait jamais à quoi on va avoir à faire, et c’est ce qui me fait déguster ses volumes à la manière dont j’irais choisir un bon vin : en goutant en une gorgée chaque arôme !
Le folklore et les croyances asiatiques (et même parfois plus générales) sont ici très présents. En effet, il y a les lieux maudits qui, bien que très tentants par plusieurs aspects, doivent être évités sous peine des plus funestes revers. Il y a la magie noire, souvent développée par la haine, la jalousie…bref, les sentiments humains. Et que dire de ce chapitre intitulé « Le mystère des têtes qui s’éclipsent » ? Imaginez un gentil groupe de fillettes qui s’amusent naïvement lorsque, tout à coup, une petite trace apparait dans le cou de l’une d’entre elles, puis, une douleur, et avant de pouvoir innocemment aller chercher un pansement : pshiii, un jet de sang et, pof, la tête de la gamine tombe…Voilà l’esprit du Manoir de l’horreur… Tout est possible et rien ne se passera comme vous l’avez prévu !
Le visuel est simple, mais suffisant. Au fil des tomes parcourus, il est indéniable qu’Ochazukenori semble prendre une certaine confiance et laisse aller son trait. Certes, c’est assez « pur », mais c’est une part du charme de ce volume !
Bref, je vous laisse vous faire une idée par vous-même…ou plutôt, essayer de vous en faire une idée !
A découvrir aussi
- La dame de la chambre close (VO :Zashiki Onna), de Minetarô Mochizuki, aux éditions Glénat, VF 2004, VO 1993, Japon
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