La dame de la chambre close (VO :Zashiki Onna), de Minetarô Mochizuki, aux éditions Glénat, VF 2004, VO 1993, Japon
Qu'arrive-t-il à Hiroshi ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il ouvre la porte de son studio cette nuit-là ? Qui est donc cette grande femme au visage ovale et à l'imperméable lugubre qui sonne des heures durant au palier de son voisin mystérieusement absent ? De quel droit se permet-elle de s'inviter chez lui, d'utiliser son propre téléphone ? Hiroshi ne veut pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Il veut simplement réussir à avouer ses sentiments à Rumi, cette fille tellement mignonne qui partage les mêmes cours que lui. Et qu'importe si cette grande dame continue de le harceler. Il finira bien par trouver un moyen de s'en débarrasser. Il n'est pas trop tard. Si ?... Une envoûtante histoire, pleine de charme et de mystère, racontée en un volume unique. (4e de couverture)
Dès le début, le suspense m’a happée, on ne peut pas rester insensible aux premières pages. Le scénario d’abord, le visuel ensuite, tout est soigné pour nous imbiber de questions ! Franchement, je découvre Minetarô Mochizuki et j’adore. J’ai cru comprendre par contre qu’il n’était pas forcément un habitué du genre, même s’il signe là un superbe volume !
Il y a donc cette femme, grande, encombrée de sacs et portant les longs cheveux noirs devenus la marque de l’épouvante asiatique. Elle sonne, les paliers sont déserts, l’immeuble s’impose dans une nuit noire chargée d’orage. La réaction du personnage ? Je pense que tout le monde ou presque l’aurait eue : au bout d’un moment, allons lui dire une bonne foi que le voisin n’est pas là…seulement cette femme hante le lieu au sens premier du terme… Dès la nuit suivante, c’est dans l’appartement du protagoniste que retentit la lugubre sonnerie. Bref, vous l’aurez compris, cette situation m’a complètement empêchée de fermer le volume !
Le rythme du récit est génial, jamais le temps de s’assoupir entre les pages. Il n’y a pas que l’apparition sur le palier (ce qui pourrait vite devenir répétitif !) et rapidement, c’est la vie complète du protagoniste qui bascule. Aidé d’un ami, il va chercher à comprendre l’incompréhensible. Les rebondissements sont soignés, l’ambiance maintenue et l’histoire crédible. On peut cependant reprocher au héros un léger côté teenager (eh oui, on est dans du manga Seinen…) qui a franchement bloqué toute sensibilité de ma part. En aucun cas on ne peut s’identifier à lui.
Le thème de la légende urbaine quant à lui, est passionnant, surtout à l’est où je la trouve bien plus horrifiante. Ici, la ville est bel et bien le décor, et l’horreur plane sur le volume, sublimée par certaines planches vraiment réussies !
Le découpage des scènes rend les évènements particulièrement entraînants. Le visuel cible exactement ce que nous aurions regardé si nous étions spectateurs. Vraiment, l’ambiance est soignée. Bien sûr, ce n’est pas comparable à un film, ne serait ce que par l’absence de bande sonore, cependant ici, il y a des plans arrangés façon story-board et le mouvement est palpable.
Bon, il y a quand même un petit quelque chose que j’aimerais souligner…la fin, bien que très agréable et en harmonie avec le reste de l’histoire, m’a un peu laissée sceptique… Quoi, c’est tout ce que l’auteur a à nous dire ? Voilà exactement ma réaction face à une conclusion que je qualifierais d’un peu facile peut-être.
Mais cela ne gâche en rien ce superbe volume ! Un pur moment.
A découvrir aussi
- Le manoir de l’horreur, tome 3, d’Ochazukenori, aux Éditions Delcourt, 2004
- Hideout, de Masasumi Kakizaki (et Ryoko Akiyama pour la traduction) aux éditions Ki-oon, 27 octobre 2011
- La maison de poupées, de Junji Ito, aux Editions Tonkam, 2010, (Junji Ito Manga collection volume 10)
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