Le destin des morts, de Jean-Pierre Favard, aux éditions Lokomodo
L’auteur Jean-Pierre Favard nous offre ici un superbe petit recueil de quatre nouvelles, aux allures paranormales et ésotériques, palpitantes et noires, passionnantes et surprenantes ! Voici leur grossier résumé et ce que j’en ai pensé (je vous préviens tout de suite, j’ai vraiment aimé !)
1- Mauvaises vibrations
Un couple de randonneurs s’égare, les pieds en sang et épuisés, ils décident d’accepter l’asile lugubre d’une vieille demeure abandonnée. Mais les murs ne sont pas seulement imbibés de moisissure, ils renferment quelque chose de bien plus malsain…
Efficace et clair, brut et sombre, un petit texte qui vous séduit par sa magie obscure. Ce premier récit vous invite littéralement à entrer dans l’ouvrage, à vous détendre et à apprécier, le temps d’une courte lecture, une histoire surprenante et délicieusement troublante. Les pièces vous oppressent et personnellement, cette nouvelle a totalement fonctionné sur moi !
2- Ghost ‘n’ Roll Baby
Un groupe de Rock presque « cliché » (je mets presque pour satisfaire tout le monde mais je l’ai trouvé totalement cliché et ça m’a plu !) se voit embarquer dans une aventure originale et pourtant classique pour qui lit et/ou visionne régulièrement des récits/films d’épouvante ; passer quelque temps dans une maison réputée hantée, louée par la société Haunted House for Rent ! Cette expérience a pour but, selon leur manager, de ranimer leur côté ‘rock’, de leur faire passer un séjour digne de ce qu’ils sont. Et cette demeure se trouve…dans le Morvan (« d’où ne vient ni bon vent, ni bon gens », petit proverbe bourguignon, si belle région dont je tiens la moitié de mes racines !).
Avant toute chose, petit mot d’une dijonnaise (moi !) : Quel bonheur de voir dépeints avec réalisme entre ces pages les paysages morvandiaux, retrouver les noms connus et si peu usités… Merci à Jean-Pierre Favard pour son attachement à cette si belle région !
Passons à mon humble avis sur le récit ; de loin mon préféré du livre ! L’atmosphère est retranscrite avec justesse, la géographie des lieux est efficace, on passe d’une chambre à l’autre, on doute, on s’interroge. Qui est berné ici ? Le groupe de Rock, le lecteur, le manager ? Et puis il y a l’histoire, enrichie de références adaptées au ton du texte (Ed Glein, Rob Zombie…). Une histoire envoutante, on sombre dans le récit, on doute mais n’ose imaginer. Enfin, vient le passé des lieux, que je ne raconterai pas ici pour ne pas gâcher le plaisir des lecteurs qui passeront après moi, mais sincèrement, tous les éléments sont réunis et mis en scène de manière à ne rien gâcher au plaisir de celui qui rencontre, page après page, les autres habitants de la maison…ou illusions…mais qui sont ils au juste ?
A cela s’ajoute un ton qui n’hésite pas à inclure quelques touches d’humour, histoire de rappeler qu’il n’est pas utile de se prendre très au sérieux pour être effrayant. Je m’arrête là dans un souci de ‘non révélation’, mais sachez que la fin (que je trouve sous certains aspects un peu rapide, ce qui n’a en rien entamé mon engouement pour ce texte !) est une belle surprise de l’auteur à son lecteur, un surprenant rebondissement, bref, un régal !
Je conseille à tous ce petit récit bien ficelé et vraiment lugubrement agréable !
3- La seconde mort de Camille Millien
Julien retourne pour un séjour ‘étudiant’ avec trois de ces amis (un couple composé par la mystérieuse et magnifique Lou et son compagnon, le ‘grand consommateur de substances’ Thomas ainsi que sa propre petit amie, la très nature et terre-à-terre Valérie) dans une maison qu’il avait coutume de fréquenter avec sa famille pendant les périodes de vacances scolaires. Cela fait dix ans déjà qu’il n’y est pas revenu, et pour cause ; sa sœur Camille y a disparu mystérieusement…Le deuil n’est pas achevé, la plaie de la douleur provoquée par le manque et l’inconnu ne demande qu’à se rouvrir…
Bonheur, bonheur, bonheur !
Il me tardait chaque jour qu’arrive enfin la fin de journée pour que je puisse, délaissant mon travail, retourner dans cette magnifique demeure au cœur de la forêt…morvandelle ! L’étrangeté et le souvenir de Camille sont omniprésents, faisant de la jeune disparue un personnage à part entière, déclenchant angoisse et interrogations. L’auteur sait aussi dire ce qu’il faut pour que Julien et ses amis ne restent pas des inconnus pour le lecteur, mais qu’au contraire, ce dernier apprenne à les connaitre de manière efficace et plaisante. Les lieux vous invitent à voyager dans vos propres souvenirs de vacances, et le lac des Settons me rappelle particulièrement les miens…
La demeure et ses jardins, véritable épicentre de cette aventure qui oscille entre thriller, féerie et épouvante, deviennent le lieu de tout, le point de départ et le refuge, source d’informations et point anxiogène, un décor de rêve !
Enfin, quelles belles légendes que celles de la Galipote et de la Pierre qui vire, si bien rendues par le style de l’auteur ! Lors de mon dernier séjour dans cette magnifique région morvandelle j’ai justement ‘investi’ dans plusieurs ouvrages sur le sujet et les retrouver dans ce texte m’a fait extrêmement plaisir : sachez donc que les légendes mentionnées ici sont de véritables histoires locales !
Et le type de récit vous entraine très concrètement dans un maelstrom de sensations, l’auteur répète, accélère, saccade son texte, on est pris par le flot d’émotions qui submerge les protagonistes, on court dans les bois puis on gratte la terre, on tourbillonne au milieu des arbres. Mais qu’est-il arrivé à la belle Camille ? Un régal !
Cette nouvelle ne manquera pas de vous rappeler la propre chaise vide qui, à votre table, souligne l’absence oppressante de l’être aimé et disparu, de la sœur chérie et si loin à présent... Il n’en reste pas moins que la magie du texte vous offre un véritable voyage dans les abysses druidiques et superstitieux…un plaisir !
4-L’architecte
Lisez, vous verrez…. !
A découvrir aussi
- Au château de l’étrange, Claude Seignolle, publié chez Le Castor Astral, 2011
- Âmes de verre, Tome I; Le Sidh, Anthelme Hauchecorne, Editions Midgard, 2013
- L’abomination de Dunwich, par Howard P. Lovecraft (The Dunwich horror, 1928-1929)
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