Moi et ce Diable de Blues, de Richard Tabbi & Ludovic Lavaissière aux éditions du Riez
Le Havre, son bêton, ses nuages, son passé et ses lieux sordides. C’est dans ce contexte que le (fabuleux !) lieutenant Valdès (qui fut une étoile de la police en son temps) et sa jeune recrue Ivana Ivanovic, vont croiser la route d’une bête immonde, un meurtrier au rituel sanguinaire, violent et meurtrier. A cela s’ajoutent quelques crochets vers différents lieux saints, et l’enquête bat son plein sous une pluie nauséabonde…
Ouch ! Quel personnage ce Valdès, quel caractère ce roman !
Une véritable claque, une « putain » de claque pour rester dans l’ambiance Valdésienne ! Suintant, sordide, cradingue et magnifiquement vulgaire, ce personnage qu’est « le lieut’ » imprègne de ses relents malpropres les pages de ce texte que vous ne lâcherez pas aussi facilement que vous pourriez le penser. Cet ex-superhéros de la police porte aussi en lui un passé, une profondeur abyssale et effrayante qui brille à travers ses yeux délavés et ses rêves alcoolisés. Il est tout sauf ce que l’on s’attend à trouver !
Quant à Ivana, c’est un mystère et une beauté décolorée bien à elle qui vous invitent à la suivre. Elle porte un regard désabusé et blasé sur le monde qui l’entoure et sur les hommes, elle est écœurée par le sang noirâtre et gluant que fait couler le meurtrier et qui lui vaudra de belles nausées (oui, dans ce livre, ces détails ne sont pas coupés au montage !). Sa fougue de débutante n’a d’égal que sa patience envers son lieutenant et la taille de ses jambes !
Les personnages « secondaires » (mais l’expression ne colle pas ici !) sont de petites merveilles de perversion et de vices en tout genre! Il n’y en a pas un seul qui donne vraiment envie de le connaitre, ou peut être juste pour lui casser le nez, comme cette « Greta, la pouffe tatouée Reich millénaire » ! Pataugeant dans des cloaques infâmes, consommant des substances malsaines de toutes sortes, ils maintiennent la température ambiante du récit. Ici on fait dans l’irrespect et la violence !
Outre les personnages (je ne les détaille pas plus, honte à moi si je gâche le suspense des lecteurs !) et l’ambiance crapoteuse, le fil de l’enquête est plutôt prenant, bien mené, crédible et efficace. La différence entre les lieux évoqués, les types de personnages et le spectre d’Hitler et de ses fous… on ne lâche pas prise, on veut comprendre, on ose penser au pire !
Le choix de la ville du Havre et de sa pluie annuelle est impeccablement concordant ! Citée bunker, marquée par la Seconde Guerre Mondiale, elle exhibe des mûrs gris et tagués qui forment l’écrin parfait des meurtres qui y seront commis et s'accorde à merveille avec Valdès. De même Le Stalag, night-club au propriétaire abject, antre de la dépravation et tanière du lieut', change délicieusement du traditionnel commissariat et permet de rester immergé dans l’univers du livre.
Ajoutez à cela quelques évocations de métal industriel, de blues et de psychobilly bien placées…de barbelés…un évêque plus proche du porc que du saint homme…
Bref, même si en ce qui me concerne je trouve que le roman doit autant aux personnages qu’à l’histoire, c’est vraiment Valdès qui est le plus grand intérêt du livre, je me suis demandée à plusieurs reprises s’il n’allait pas nous « claquer dans les mains » !
Bon, c’est sûr que si vous n'aimez que les longues tirades, la poésie romantique, l’hygiène et la pudeur, vous ne serez, de prime abord, pas vraiment séduits, mais sincèrement, tentez le coup, ça en vaut la peine !
PS : Elle n’est pas trop belle la couverture en plus, hein ?
A découvrir aussi
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- De Fièvre et de Sang, de Sire Cédric
- L’enfant des cimetières, Sire Cédric, chez Le Près aux Clercs, 2009
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