Les Ô troubles

Les Ô troubles

Fantômes, Revenants et Dames Blanches, Textes réunis et présentés par Dominique Camus, aux Editions Coop Breizh, 2012

        Il n'est pas rare que les défunts se manifestent aux humains pour leur faire part de leur sort ou de leurs préoccupations. Si certains sont animés de bonnes intentions, d'autres ne le sont guère. Comment savoir pourquoi les morts reviennent sur terre et quels moyens avons-nous de les contenter ou de s'en protéger ? En réunissant ces contes traditionnels, passés de la littérature orale à la plume des grands folkloristes, Dominique Camus montre que l'on tire de surprenants enseignements des mondes qu'ils nous font découvrir. (4e de couverture)

 

Fantômes revenants et Dame blanche.jpg

 

        Les contes constituent une source intarissable pour qui s’intéresse aux peurs humaines profondes. On y retrouve de sublimes allégories, des échantillons fascinants de pratiques culturelles, de croyance… Ces récits furent longtemps transmis oralement, au coin d’un feu ou d’un champ, pour animer aussi bien les moments calmes de l’existence que les repas de noces. Ils sont certes distrayants, mais ce n’est pas leur seul rôle. Si cet aspect vous intéresse, l’avant-propos, rédigé très simplement par Dominique Camus, vous conviendra. Ici bien sûr, on se détend, rien de scientifique ni de laborieusement chiffré, juste une orientation pour aborder le recueil sur le fond et sur la forme.

 

        Cet avis sera bref puisque, finalement, il s’agit là de textes qui constituent un folklore que je ne saurai juger et qui m’a toujours enthousiasmée. Je connaissais plusieurs de ces récits que l’on retrouve « adaptés » dans d’autres folklores comme celui de la Bourgogne (pour n’en citer qu’un). De véritables leçons de morale et d’hygiène de vie se mélangent aux prédictions adressées à ceux qui ne respecteront pas coutumes et croyances. Volez le linceul d’un mort, et il revendra chaque nuit trembler de froid devant votre cheminée. Oubliez les égards dus, et à minuit, chaque fois, se déroulera la messe des damnés...La Mort et toutes ses déclinaisons se retrouvent ici, puisque ce recueil réunit des textes sur un thème bien précis. Mais détrompez vous, bien qu’elle effraie toujours, elle est ancrée dans la vie et le quotidien de celui qui raconte. Récités comme vécues, ces histoires sont très souvent rédigées à la première personne, ce qui renforce la narration et leur crédibilité (L’homme qu’a vu l’homme, qu’a vu l’homme….). D’ailleurs, les incrédules le paient souvent très cher, mieux vaut ne pas remettre les paroles du conteur en question.

 

        Une fois cette première partie achevée, commence le dédale d’histoires. Oui, cet ouvrage présente simplement une multitude de textes issus du folklore breton. Chacun possède sa dose de surnaturel et de magie, mais aucun n’est vraiment identique. Avec pour toile de fond la Bretagne, ses paysages rocheux, ses landes, ses plages balayées par les marées et ses villages de pierres (et pourtant, je n’arrive toujours pas à aimer cette région), chaque texte vous conduit à connaître davantage la « littérature orale » des siècles passés. Ce type de récit, en plus d’être très agréable à lire, permet aux lecteurs d’approcher au plus près les croyances qui réglèrent bien des vies avant la nôtre. Pour ma part, j’ai mes petits préférés bien sûr, depuis très longtemps, La bague du Capitaine me plait.

 

« Je l’ai rencontrée plus d’une fois, vaguant par les chemins, la tête toujours enveloppée de haillons. Elle ne pouvait plus parler, mais elle geignait lugubrement. »

 

Et que seraient les légendes sans ces lavandières de nuit qui battent le linge et paient leur crime à la lueur de la Lune, et sans ces Dames blanches insaisissables et magnifiquement effrayantes…

 

« À mesure qu’il avançait, il entendait plus distinctement les coups de battoir des lavandières de nuit sur les pierres de la douèz ; et bientôt il les aperçut elles-mêmes, frappant leurs draps mortuaires, en chantant le triste refrain…et elles secouaient leurs cheveux épars, en levant leurs battoirs blancs… »

 

J’ai aussi découvert des textes que je ne connaissais pas, comme les nombreuses histoires de marins maudits, mutins, naufragés… Une lueur sur la mer n’est pas forcément un phare…..

 

Je m’arrête puisque l’ouvrage ne réunit pas moins de 41 contes, je ne peux pas tous les évoquer, en revanche ce que je peux vous dire, c’est qu’ils sont très bien choisis…..

 

 



30/10/2014
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