Les Ô troubles

Les Ô troubles

Masterton Graham, Le Démon des Morts (traduit de l’anglais par François Truchaud) aux Editions Milady 2010 (VO : The Pariah, 1983)

 

        Un petit village paisible au bord de la mer, non loin de Salem, la ville des sorcières. La femme de John Trenton a trouvé la mort dans un accident de voiture. Un mois plus tard, des phénomènes étranges commencent à se produire, la nuit, John croit voir sa femme... ou son fantôme. Hallucinations causées par le chagrin... ou réalité encore plus terrifiante ? L'explication se trouve peut-être dans un bateau, le Oauid Oark, qui a sombré au large de Salem, trois siècles plus tôt. Que transportait donc ce bateau d'où semble provenir une influence maléfique (4e de couverture)

 

Le démon des morts 1.jpg

 

        C’est certain, il vous est déjà arrivé de fermer un livre en ayant l’impression que vous quittiez des proches à regret. C’est exactement ce qui s’est produit ici, une fois la dernière page tournée. De manière générale, de nombreux aspects du Démon des morts m’ont plu, et d’autres moins, mais les premiers ont admirablement rattrapé les seconds !

 

        Dès les premières pages, l’atmosphère de Granitehead s’infiltre, brume chargée d’embruns sinistres, vous êtes piégés ! Dans ma lecture, la toile de fond a joué un rôle essentiel, c’est elle qui m’a franchement plongé la tête sous l’eau, pour mon plus grand plaisir !

 

« J’écoutais avec l’acuité douloureuse de quelqu’un qui n’est toujours pas habitué à dormir seul la nuit […] un son plaintif  […] les chaines de la balançoire du jardin […] le sommeil troublé et agité de l’Atlantique Nord, quand il bouillonnait autour des rochers de Granitehead Neck… ».

 

        Je m’arrête là, mais vous comprenez où je veux en venir : nous avons ici la parfaite maison, sise sur le parfait rocher, le tout servi par une météo grondante à souhait ! Cliché me direz vous ? Oui ! Mais ici, on aime puisque, outre cette toile de fond, ce Démon des morts débute en tirant la plupart des ficelles qui font la beauté des histoires de fantômes, lorsque le marionnettiste est habile ! Les craquements, les voix, les portes qui s’ouvrent et les petits pas précipités…

 

« La peur est effrayante »

 

        Cette phrase, prononcée par John, prend tout son sens au cœur de cette maison, mais aussi contre le corps glacé d’une défunte amoureuse, et sous les eaux noires, happé par ce qu’il reste d’une Ophélie de fortune…

 

        Ce « John » est l’homme autour duquel nous allons graviter pendant tout le récit. Plutôt bien mis en scène, il paraît sincère même si quelques-unes de ses attitudes semblent purement et simplement se détacher du reste pour ne servir que l’aspect « logistique du récit ». Qu’importe ! Il nous mène où nous voulons aller et c’est un plaisir de le suivre. Les autres personnages sont flous pour moi, ils frémissent entre les pages, mais jamais ne se révèlent vraiment. C’est mon impression en tout cas, mais cette dernière n’a rien retiré aux charmes du texte donc tout est en ordre !

 

        D’histoires de fantômes en scènes d’horreur presque toujours parfaites, John nous conduira à chercher des réponses à cette situation de hantise, mais aussi, et surtout, une solution à ce qui devient un calvaire mortifère ! Pourquoi est-ce qu’à Granitehead les morts reviennent, et pire encore ?

 

« Ô les hommes qui ont appareillé de Granitehead

Pour aller pêcher vers les côtes étrangères.

Mais le poisson qu’ils prirent n’était que des os

Avec des cœurs écrasés entre ses mâchoires. »

 

        Je dirais qu’ici commence le deuxième mouvement de cette aventure, du moins, c’est comme ça que je l’ai perçu. Résoudre le mystère, faire jaillir de l’oubli un naufrage vieux de trois siècles, trouver et renflouer une épave dans les eaux sombres et froides des abords de Salem…Cette partie du récit m’a franchement soudée aux mots ! Le mystère est total, et le fait de devoir descendre dans des eaux telles que celles du large de Salem ne fait qu’ajouter une nouvelle carte au jeu (déjà fort bien garni) des situations anxiogènes. L’auteur insiste toujours avec une minutie experte sur les détails propices à créer un climat pénétrant. S’ajoutent aussi à ces plongées et à ces découvertes, des rencontres pour le moins étranges. Certains personnages m’ont laissée pantoise et peu convaincue, mais bon…ils servent l’histoire.

 

        Enfin, le troisième et dernier acte de l’aventure. Je serai brève à ce sujet puisque d’une part, je ne veux pas briser le mystère pour vous, d’autre part, c’est certainement la partie que j’ai le moins appréciée ! Peut-être m’étais-je trop attachée au mystère ? Peut-être n’ai-je pas retrouvé la même angoisse ? Ou juste certains personnages ne m’ont-ils absolument pas plu ? Je ne peux ni vraiment le savoir, ni vous en dire plus sinon je vous révèle tout. Ce qui est certain c’est que j’ai trouvé que les dernières pages du livre utilisaient quelques raccourcis décevant… à moins que je sois juste vexée, d’avoir dû quitter l’aventure...

 

Bref, j’ai vraiment aimé cette lecture, tout simplement...



01/03/2015
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