Les Ô troubles

Les Ô troubles

Hellraiser, de Clive Barker, traduit de l’anglais par Mélanie Fazi, 1ère édition 1986

        Lorsque Rory emménage dans la maison de son enfance avec Julia, sa jeune épouse, il est convaincu que c’est le début d’une nouvelle vie, même si la bâtisse n’est pas en très bon état. Et puis il y a Frank, son frère, dont il n’a pas entendu parler depuis le mariage. Mais ce n’est pas inquiétant : celui-ci a toujours été un aventurier, parcourant la planète à la recherche de sensations inédites. Pourtant, cette fois, il se pourrait que Frank ait trouvé la clé d’un monde d’où l’on ne revient pas, un monde où plaisir rime avec douleur. (4e de couverture)

 

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        Hellraiser…ou le petit livre qui fascine !

Il y a déjà un certain temps, je reprenais quelques classiques. Inévitablement j’ai donc croisé à nouveau « l’énigme de la boîte Lemarchand ».

Cette histoire est tout simplement unique ! L’ouvrage est bref (en Folio SF 155 pages) et cette brièveté lui sied très bien: il n’est pas un passage qui soit superflu, pas une page qui n’appelle la suivante. Bien sûr, les personnages ne sont peut-être pas ce que nous pourrions qualifier de « très complexe », mais ils n’en restent pas moins intéressants et uniques. De par leurs relations les uns aux autres, ils entrainent l’histoire en la teintant de rage, d’amour, de haine, de peur et surtout de désir en tout genre.

 

        Tout commence par une « funeste erreur », pour reprendre les mots de Barker lui-même. Dès l’ouverture de la boite par Frank, on peut entendre les cloches sonner, une « lumière d’abattoir » emplit alors l’atmosphère. C’est le début d’un long cauchemar pour ce personnage, les yeux « scellés par les larmes et le pus, ou l’aiguille et le fil ». Les plaisirs promis par les arrivants ne ressemblent pas aux plaisirs imaginés par l’homme qui vient de les appeler. L’allure des Cénobites qu’il libère, superbes créatures de souffrance offerte, marque le début de douleurs sans limites pour cet homme. Cette scène est rapide, quelques pages seulement, mais elle suffit à vous mettre le cœur en travers de la gorge, à planter un décor de violence sensuelle, de douceur nauséeuse.

 

« Étaient-ce les cicatrices couvrant chaque millimètre de leur corps ? Ou la chair incisée, perforée, infibulée à des fins esthétiques, puis saupoudrée de cendre ? Le parfum de vanille qui les accompagnait et dont la suavité masquait mal les miasmes sous-jacents ? » « Elle se leva. Les langues glissèrent à terre comme une pluie de limaces ».

 

        Dès lors, le lecteur comprend la signification de ces remugles, et le fait que les Cénobites puissent apparaitre à chaque page du livre donne à ce dernier toute sa force à mes yeux. En effet, l’histoire qui suit peut paraître plus « conforme » au genre, mais ces personnages-là sont uniques, magiques, magnifiques ! On trouve en ces quelques pages une beauté trash, une douleur cinglante et pourtant esthétique, bref, j’adore !

 

        Puis on abandonne Frank à ses tourments pour redécouvrir la maison, quelque temps après, et ses nouveaux résidents (le frère de Frank : Rory et sa belle épouse : Julia). On pourrait dans un premier temps croire qu’ils constituent un couple des plus parfaits, seulement voilà, ce n’est pas le cas (je vous laisse découvrir par vous-même toute cette histoire, toujours ma politique du no-spoile !). Dès lors, débute dans cette demeure une mission macabre, dans laquelle une pièce devient vorace, et pour cause, elle est l’écrin de tant de choses… Frank n’est peut-être pas perdu, mais le prix à payer pour le voir revenir du monde de douleurs qui l’emprisonne n’est pas insignifiant…

 

        C’est ici encore le désir qui pousse à tuer, qui pousse à revenir, qui pousse à céder. Toute cette histoire née de l’envie : celle de Frank qui ouvre cette boite maudite, celle de Julia prête à tout pour le sauver, celle de Kirsty qui pour rien au monde n’abandonnerait Rory. L’auteur ne se perd pas dans les détails, pourtant, se déroule sous nos yeux une « guerre » dont on ne manque rien.

Personnellement, la première fois que je l’ai lu, ce livre m’a scotchée jusqu’au bout ! Ces Cénobites qui arrivent, cette menace qui plane, ces personnages qui en deviennent d’autres, ceux qui n’y entendent rien et ceux qui en jouent…. J’espère pouvoir en parler plus longuement une prochaine fois, mais le film ne m’a absolument pas donné les mêmes sensations (bien que je l’apprécie beaucoup tout de même).

 

        Il y a une simplicité et une originalité dans ce texte, une force qui efface quelques faiblesses, pour un tout absolument délicieux !

Bref….J’aime Barker ! 



23/01/2015
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