Les Ô troubles

Les Ô troubles

L’affaire Charles Dexter Ward (comics version), I.N.J. Culbard, d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft, aux éditions Akileos, 01-2012

5/10

 

        Providence, États-Unis, 1918. Charles Dexter Ward est un jeune homme passionné d'archéologie, d'histoire, et de généalogie. C'est par le biais de cette dernière que Ward se découvre un ancêtre nommé Joseph Curwen, qui avait fui la ville de Salem lors de la grande chasse aux sorciers au cours du XVIIIe siècle, et qui vint s'établir à Providence, où il décéda en 1771. Cette découverte sera le début d'un drame au cours duquel le jeune homme perdra l'esprit. Pourquoi, par exemple, l'écriture et le comportement de Charles Ward deviennent-ils peu à peu semblables à ceux de Joseph Curwen ?

 

L'affaire Charles Dexter Ward.jpg

 

        Je suis déjà venue vous parler d’une adaptation de Lovecraft par Culbard (Les Montagnes Hallucinées dans Du livre aux bulles). La première fois, le visuel m’a déstabilisée, mais j’ai réussi à me laisser convaincre. Ici, le départ est le même : « ce visuel manque de finesse ». La fin est la même : « d’accord, ça passe ». Mais le cheminement est bien différent : j’ai eu de grosses difficultés à me sentir à l’aise avec l’esthétique de ce volume. Il y a un aspect qui me fait penser aux tomes de Tintin ou d’Astérix de mon enfance (attention, je ne dénigre pas, je les ai dévorés durant de longues années !). Ce n’est pas ce à quoi je m’attends lorsqu’on évoque Lovecraft. Cette esthétique entrave l’horreur, retire au suspense. Le mot qui lui conviendrait le mieux serait : douceâtre.

 

Dexter Ward par Culbard 4.jpg

 

        L’histoire bien sûr, nait de l’esprit du défunt maître de l’horreur, ne déçoit pas. Les éléments les plus forts de l’Affaire sont repris, de manière plus ou moins grossière, mais ils sont là. Je ne vais absolument pas revenir ici sur le texte d’origine puisque j’ai déjà eu l’occasion de vous en parler (cf. catégorie Romans) en revanche, son adaptation me rendrait plus bavarde… Pour commencer, il me semble qu’il manque une certaine profondeur aux protagonistes, ce qui est certainement dû à la manière dont ils sont traités visuellement. Un comics retransmet les expressions par le trait, or ceux de Culbard ne sont pas très fournis en détail. Certes, ce style rend le tout très clair, mais…trop clair justement pour adapter du Lovecraft. À vrai dire, j’ai très nettement préféré le style de Florent Calvez dans son adaptation de Reanimator.

 

Dexter Ward par Culbard 1.JPG

 

        Ceci étant dit, la cave et son dédale sont plutôt réussis. Le ton de couleurs choisi vient corriger les aspects qui me plaisent moins. Néanmoins, les êtres qui s’y trouvent ne correspondent pas du tout à mon imagination… Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne correspondent pas à la vôtre ! La lecture d’une œuvre est quelque chose de très personnel, et c’est peut-être une erreur de les lire en vignettes quand on les a adorés en paragraphes… 

        De manière générale, les couleurs sont très bien déclinées, elles correspondent presque exactement à celles que j’ai pu me figurer lors de ma lecture de l’œuvre. Le fond de pages noir est un choix que j’aime beaucoup et qui en corrige d’autres. Le vert se rappelle assez souvent au lecteur et c’est là une couleur qui semble hanter les travaux de Lovecraft.

 

Dexter Ward par Culbard 3.jpg

 

Pour conclure, c’est un volume simple, mais qui pourrait tout de même plaire à ceux qui souhaitent approcher Lovecraft sans vraiment le connaitre !

 



10/08/2014
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