Les Ô troubles

Les Ô troubles

Hill Joe, Le costume du mort, J.-C. Lattès, 2008 (V.O. : Heart-Sharped Box, 2007, traduit de l’américain par Valérie Rosier)

 

 

8,5/10

 

        On ne collectionne pas sans péril des reliques toutes plus étranges les unes que les autres. C'est ce que va apprendre Jude en achetant le dernier costume d'un mort. Soudain, au pied de son lit, derrière une porte, à ses côtés en voiture, grimaçant et assoiffé de vengeance, apparaît l'ancien propriétaire de l'habit. Quelle histoire terrible de son passé cherche-t-il à lui faire payer? Aux frontières de la folie, une fuite éperdue commence, enchaînant des moments de pure terreur et d'intenses frissons pour le lecteur. (4e de couverture)

 

 Le costume du mort.jpg

 

        J’ai découvert Joe Hill grâce à sa fabuleuse série de comics : Locke & Key (il faudra d’ailleurs que je pense à vous parler des derniers tomes !). Son univers m’a totalement séduite, et « l’originalité cohérente » du scénario laisse immédiatement penser qu’on peut lui faire confiance. À ce stade, je ne connaissais pas du tout ses romans. Sur plusieurs blogs (merci à tous !) j’ai pu me faire une idée, jusqu’au point où il ne m’était plus possible de ne pas tenter l’aventure ! J’ai donc craqué pour ce livre, qui m’a littéralement sauté dessus chez mon libraire ! Et si je devais résumer mon ressenti une fois achevé, je devrais vous dire : yeah ! Simple et prenant, barré et pourtant, harmonieux !

 

        Dès le début, on comprend que Joe Hill ne s’embarrasse pas de longues présentations, on ne perd pas de temps en bavardages et l’intrigue s’installe rapidement. Mais attention, je ne veux absolument pas dire par là que son texte est bâclé, bien au contraire ! Malgré le rythme, on est vite à l’aise avec les protagonistes qui ne sont, finalement, pas très nombreux. Le choix des mots est parfois bien plus efficace que l’encombrante et interminable tirade, les premières pages en sont la preuve.

 

        Nous voilà donc au sein de cette maison, en compagnie de Jude, leader quinquagénaire d’un groupe de heavy métal, sa petite amie et son secrétaire particulier. La passion du premier pour sa collection de reliques le pousse à se procurer le fameux « costume d’un mort ». Il y a ici quelque chose de classique, et d’attirant à la fois. La ficelle parait grosse : une annonce pour un fantôme ? Serait-on dans un livre qui misera sur la caricature, voire sur le burlesque ?  Absolument pas ! Et je m’arrêterai là pour l’histoire, je ne veux pas tuer votre curiosité dans l’œuf ! Je tiens quand même à préciser que j’ai trouvé Jude parfait dans son rôle : parfois détestable, mais toujours attachant, ce personnage est plutôt soigné.

 

        De manière plus générale, l’un des grands points forts de ce livre est sans doute son rythme : soutenu, absolument prenant sans jamais devenir répétitif ou redondant. Honnêtement, Jude et sa petite amie ont une réaction plutôt logique, et qui implique le mouvement, un mouvement que l’auteur nous fait ressentir et qui ne nous laisse pas le temps de soupirer ! Certaines scènes nous interdisent clairement de poser les yeux ailleurs que sur la ligne suivante ! L’ambiance elle-même est plutôt captivante, la route, le motel, le jardin de « Bammy » et son histoire, les retrouvailles avec la ferme paternelle…Eh oui, je sais, dit comme ça, ça peut paraître confus, mais croyez moi, ça ne l’ai pas, et l’écriture de Joe Hill y est pour beaucoup : claire, fluide, simple et riche à la fois.

 

        Le deuxième point qui m’a particulièrement plu repose sur le fait qu’on débute sur le ton plutôt classique des histoires de hantise, mais qu’on s’égare bientôt vers un sentier bien plus lugubre et construit. Il n’est pas question ici de hasard, ou de fuite éperdue, mais plutôt de la volonté de résoudre une énigme. L’auteur ne jette pas aux yeux du lecteur les fastes d’une histoire sans savoir comment la terminer. Il n’y a pas de page noircie juste pour faire trembler et laisser le tout retomber comme un soufflet foireux. On assiste à la résolution d’un mystère, très justement saupoudré sur le récit.

 

        Le danger, lui, reste puissant et tenace, la réaction des protagonistes plutôt crédible. Peu à peu, les morts envahissent les pages, on se rend compte que ce monde n’est pas totalement hermétique à leur présence, le récit s’enrichit d’autres histoires, d’autres parenthèses et c’est plutôt agréable. Les vivants révèlent leurs secrets, se battent, se découvrent.

 

        Bref, ce livre est simple, il ne vous abimera pas les neurones, mais vous fera passer un bon moment et répondra à toutes les questions qu’il sème !  



04/10/2015
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