Les Ô troubles

Les Ô troubles

Eco, Tome 2 : La Bête sans visage (2011) & Tome 3 : La Princesse des nuages (2013) textes de Guillaume Bianco – Dessins de Jérémie Almanza, aux Éditions Soleil, collection Métamorphose

8.5/10

 

"Approchez braves gens, pour entendre l'histoire, Cette sombre litanie, qui vogue dans ma mémoire. Soyez donc attentifs, prêtez-moi une oreille, Vous entendrez un conte, à nul autre pareil. Eco n'a pas dix ans, son visage est bien blême, Mais c'est la vie pourtant, qui coule dans ses veines. Une triste circonstance, par une nuit de démence, Changera à jamais sa paisible existence. La fable est déplaisante, faites à votre guise, Sachez que toutefois, pleurer n'est pas de mise..." (4e de couverture)

 

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        Et voilà, le conte touche à sa fin…

Je suis venue il y a peu, vous parler du superbe premier volume d’Éco, conte onirique et captivant nait sous la plume de Guillaume Bianco et sous les traits de Jérémie Almanza. Après avoir découvert les deux derniers tomes de cette trilogie, je ne peux que me répéter : ce récit est magnifique… Ces volumes sont emprunts d’un onirisme envoutant, dans le texte et dans l’illustration. Je reviendrai assez peu sur le visuel que j’ai déjà évoqué pour le tome premier. Ici à nouveau, l’univers cotonneux se tisse de vos plus beaux rêves et de vos pires cauchemars. Les couleurs vaporeuses et fortes à la fois enveloppent un tracé expressif. On perd nos repères, on abandonne nos convenances et on se fond dans un monde magique, dont la symbolique pourtant, n’a rien d’irréel…

 

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        Mais, prenons les choses dans l’ordre : 

« La Bête sans visage », qui fait suite à « La Malédiction des Schaklebott », n’est autre que l’évocation de l’adolescence et des débuts de l’âge adulte, succédant à l’enfance évoquée dans le premier tome. À la manière d’une comptine, on suit notre héroïne dans son évolution qu’elle se refuse à comprendre, qu’elle rejette et qu’elle déteste. Elle continue sa quête pour sauver son corps des bouleversements inéluctables qu’il subit…ses rondeurs, ses envies, tout n’est pour elle qu’une malédiction à laquelle elle doit échapper à tout prix.

C’est dans une forêt inconnue, dangereuse, magique et mystérieuse qu’Éco vit cette expérience. Elle apprend aussi à se séparer de certains compagnons de route, à en apprécier d’autres, comme tout un chacun au cours de son existence, par choix ou par nécessité…Elle cherche son chemin, guidée par un but dont elle vient à douter. Par une symbolique joliment mise en scène, les auteurs reviennent sur la difficulté à sortir de l’enfance, sur le rejet d’un corps qui ne laisse pas à l’esprit le temps de vivre pleinement. Les aléas du temps, détestables et pourtant, parfois si doux… Sa chute dans les eaux de « la flaque sans fond », au creux de laquelle se cachent l’écueil des souvenirs et le risque du plongeon sans retour, est un passage que je ne peux m’empêcher de citer ici, pour les couleurs, les traits, les symboles…

 

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        Le dernier tome arrive déjà, et alors Éco n’est plus une enfant, ni même une adolescente. Le temps s’écoule et la « Malédiction » qui l’entraîne possède de plus en plus le corps et l’esprit de notre héroïne. Sous la parabole des saisons, c’est la vie qui suit son cours. Le château de La Princesse des nuages devient toute autre chose qu’une simple bâtisse magique : il est l’écrin d’une existence, celle d’Éco. Magnifique imagerie sur laquelle je ne m’attarderai pas pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte à ceux qui ne l’ont pas lu… Dans les vastes pièces, Éco gagne un combat, celui de l’acceptation.

Le voyage à Nimbus est indéniablement l’un de mes passages préférés. Ville aux allures de monstre qui piège les rêveurs, les fous dont les silhouettes inquiétantes hantent la ville. Ces visages qu’on a connus et qui disparaissent dans le néant, la fumée et les abysses…Ces quelques pages sont un cauchemar et un rêve, un lieu que l'on désire, mais que l’on détesterait voir.

 

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La fin m’a surprise et touchée, elle sied aux trois volumes. Ce conte est beau, il ne cherche pas à mentir pour séduire et je ne vois pas quoi ajouter à cette simple phrase…

 

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23/08/2014
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