Dans les archives secrètes de la police, Quatre siècles d’Histoire, de crimes et de faits divers, sous la direction de Bruno Fuligni, L’Iconoclaste et les Editions Gallimard Folio, 2011
Pour la première fois, la Préfecture de police a accepté d’ouvrir ses archives. De l’assassinat d’Henri IV à Mai 68, ce livre raconte quatre siècles de dossiers brûlants. Il plonge dans la grande Histoire - Ravaillac, Louis XVII, Ravachol, la Résistance, la guerre d’Algérie - mais aussi dans le monde de la pègre, des marginaux et des courtisanes. Il fait revivre les affaires criminelles qui ont passionné les Français - Landru, Violette Nozières, Petiot - et dévoile les secrets d’artistes et d’écrivains comme Hugo, Verlaine, Rimbaud, Colette ou Picasso. Les rapports de police, rédigés dans un constant souci de précision, décrivant tour à tour le drame, la passion ou l’insolite, donnent à ce livre une force prodigieuse. (4e de couverture)
Me voilà d’un avis bien mitigé quant à ce livre. Certains documents sont réellement intéressants, mais malheureusement, ne comptez pas sur des approfondissements passionnants. Certes, il faut tenir compte que cet ouvrage a pour but de nous présenter des sources issues de la police donc, il ne s’agit pas d’inventer ou de broder autour. Cependant, pour travailler moi-même sur des sources judiciaires, je confirme qu’il y aurait eu sans doute moyen d’aborder moins de thèmes, mais des les aborder différemment et plus profondément. En effet, une fois le livre refermé, on a une sensation de « tout et rien » un peu frustrante, mais peut-être est-ce une déformation professionnelle…
Le livre se divise en trois grands axes, et je peux déjà vous dire qu’il y en a un qui est clairement chiant ! C’est celui qui s’attache au « Pouvoir ». Certes, il y a deux / trois petits éléments sympas, notamment à propos de Ravaillac ou de la mort de Zola, mais la politique et moi…alors quand le thème de mai 68 est abordé…je l’ai lu parce que je ne sais pas sauter de pages sans avoir peur de rater quelque chose, mais alors…*bâillement*… quel ennui ! Et comme je le disais plus haut, les seuls éléments qui ont capté mon attention n’ont pas été développés…
De manière générale, les faits sont clairement retranscrits et ce livre est abordable par tous, sans avoir auparavant à se documenter sur notre institution judiciaire. C’est l’un de ses aspects positifs. De nombreuses pages présentent des retranscriptions d’archives, ce qui ne laisse pas tant de lignes que ça au récit (mais ce n’est pas pour autant que l’objectivité est toujours respectée). L’iconographie est riche, mais une fois de plus, incomplète. J’aurais aimé avoir des éclaircissements quant aux éléments qui ont poussé les auteurs à faire leur choix parmi la multitude de sources disponibles sur certains sujets.
Mais, reprenons les choses dans l’ordre. La première partie, qui s’attache à « L’argent », est très enrichissante ! En effet, ici sont rapportés de nombreux faits divers liés à ces quelques bouts de métal et de papier. Nous croisons donc Cartouche et ses complices, mais aussi des tueurs célèbres tels que Landru, Chicago May ou Petiot. À propos de ce dernier d’ailleurs, les documents concernant sa défense sont particulièrement intéressants. En revanche, comme je le disais, il ne faut pas espérer en apprendre trop, car vous seriez déçus. Ceci dit, une certaine « mixité » est respectée. De même, une volonté de percer le fonctionnement des institutions transparaît dans certains chapitres.
La deuxième partie est donc consacrée au « Pouvoir ». Hormis la célèbre histoire de Ravaillac, on redécouvre avec émotion la mort de Louis XVII, Dauphin de France lâchement enfermé par bien pire que lui, l’horrible machination du collier de la reine qui coûta si cher à la Monarchie. Bref, tout n’est pas déplaisant (et puis, tout dépend aussi et surtout de ce qui nous intéresse ou non) mais vraiment tout ce qui concerne notre siècle est d’un redondant, d’un ennui…Présentées exactement comme les autres affaires, ces dernières ont manqué de peu de me dégouter de l’ouvrage !
Exécution de François Ravaillac, 27 mai 1610, place de Grève, Paris
La troisième et dernière partie s’attache à nous parler de « L’amour ». Cependant, il s’agit essentiellement du sentiment lorsqu’il apparaît dans les archives de police, donc bien évidemment, ce n’est pas l’aspect le plus « banal » de ce dernier qui transparaît à travers les lignes. Il est surtout question de la surveillance de la prostitution et de l’homosexualité. Malheureusement, le meurtre passionnel reste discret. Malgré tout, il est assez remarquable de voir à quel point les mentalités ont évolué, les seuils de tolérables atteints d’autres sommets. Finalement, ces documents nous permettent un petit regard orienté sur un Paris obscur et secret, celui de l’amour tarifé, des maisons de plaisir, des débits en tout genre.
Il y a tant d’informations survolées dans ce livre que je ne sais pas si j’ai réussi à en retranscrire ici l’essence. Cependant, je le conseille aux peu curieux, aux pressés désintéressés, ou juste comme base pour ceux qui veulent découvrir les quelques seuils du tolérable de notre société, à travers les trois derniers siècles.
Eugène-François Vidocq (1775-1857)
A découvrir aussi
- Histoire des maisons hantées, de Stéphanie Sauget aux éditions Tallandier
- La maison hantée, Histoire des Poltergeists, de Claude Lecouteux, Editions Imago & diffusion PUF, 2007
- Bourreaux de père en fils, Les Sanson, 1688-1847, par Bernard Lecherbonnier, aux éditions Albin Michel, 1989
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