Les Ô troubles

Les Ô troubles

Le territoire des ombres : le secret des Valdemar (VO: La herencia Valdemar), un film de José Luis Alemán (espagnol, Janvier 2010)

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        « Librement adapté de l’œuvre de Lovecraft ». C’est ainsi qu’était présenté Le secret des Valdemar et c’est ce qui m’a donné envie de me plonger dans ce film. Mais, il faut bien le reconnaître, le tout n’est que vaguement Lovecraftien. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la première partie d’un dytique qui, au niveau de l’histoire, pose beaucoup de choses (personnages, contexte, etc.) mais n’arrive pas à éviter les longueurs et une écriture un brin confuse, entre flashbacks et  scénario lacunaire.

 

        Au premier abord, le film semble des plus banals. Une vieille maison, abandonnée, avec à l’intérieur un mobilier datant de plus d’un siècle et qui doit être expertisée. Mais un premier expert disparait au cours de la visite. Inquiète, la société chargée de cette mission en envoie un second, une jeune femme. Arrivée sur les lieux, elle aperçoit des « choses étranges ». On a le droit à une séquence classique, bien qu’efficace, de maison hantée. Mais voilà : alors qu’elle arrive à échapper à la « chose » qui hante les lieux, elle est kidnappée par des types étranges…Fin de son histoire. Car à partir de là, commence un autre récit avec d’autres personnages, qui cette fois-ci font partie d’une mystérieuse association (on n’en saura pas plus) et qui vont nous raconter l’histoire de la maison et de la famille Valdemar, propriétaire de la dite demeure. Le métrage de Jose Luis Aleman prend alors une tournure un peu plus ambitieuse et un brin plus intéressante. Nous plongeons dans une sorte de conte gothico-horrifique, prenant place dans un XIXéme siècle parfaitement reconstitué. On a le droit à tout (et un peu n’importe quoi aussi) : séance de spiritisme, photographie d’esprit, magie noire et autres joyeusetés comme Bram Stoker  croisant le mage Aleister Crowley…

 

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        On retrouve beaucoup d’attributs propres à Lovecraft : veille demeure victorienne cachant des abominations, rituels étranges et sacrificiels (très soft pour le coup, avec une séance qui fait plus penser à Harry Poter qu’à un vrai film d’horreur) et personnages en quête d’un savoir défendu. Mais le côté Lovecraft s’arrête là. Beaucoup de longueurs et un travail sur l’ambiance lovecraftienne pas forcément poussé donnent au film un goût d’inachevé. Pendant une bonne moitié, on suit cette famille Valdemar sans vraiment arriver à s’y intéresser. Si le pitch du métrage avait tout pour plaire, la mise en scène, hésitante, poussive même parfois, n’arrive pas à élever le film plus haut que le statut de très bonne série B. À aucun moment nous n’arrivons à trembler pour les personnages, à avoir une once d’empathie. L’ensemble est très descriptif, très bavard, voir carrément poussif. Il faut reconnaître que le XIXéme siècle est très bien rendu et que la description qu’en fait le réalisateur s’avère intéressante. Il faut souligner aussi que le travail des lumières et des décors est plutôt très joli, mais malgré tout, rien ne nous est véritablement raconté et il faut attendre le dernier quart d’heure du film pour voir enfin quelque chose. À grand renfort d’effets spéciaux entièrement numériques, une créature, un monstre venu du plus profond des abîmes, nous donne rendez-vous pour la seconde partie…Et oui on reste sur sa faim avec une seule envie : foncer vers la suite qui nous promet l’apparition de Chtulluh en personne !

 

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        Le secret des Valdemar pourrait donc être seulement la grande introduction d’un futur grand film (ou pas). Ici je n’ai pas retrouvé l’ambiance mystérieuse et angoissante de Lovecraft, sa mythologie est à peine esquissée au détour de plans à peine visibles. Je n’ai pas retrouvé non plus l’atmosphère poisseuse, macabre, mystique du génie de Providence. Ce dernier aspect est même parfois traité avec une certaine once de mépris et de grand guignol… pas du meilleur goût. Il est vrai cependant qu’il est dur d’adapter Lovecraft et il faut reconnaître que la direction artistique du film, malgré tout, fait des efforts considérables dans ce sens. Mention toute spéciale au directeur photo qui semble être le seul à avoir compris vers quoi peut tendre une imagerie lovecraftiennne. Autre mention spéciale à la musique d’Arnau Battaler qui nous avait déjà régalés avec un sonore splendide dans L’exorcisme (celui de 2010) et qui ici joue des chœurs pour tenter de faire monter la pression.

 

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        A noter que ce film ambitieux au final n’est malheureusement pas sorti en salle chez nous, mais directement en DVD, ce qui est bien dommage, car il méritait beaucoup mieux qu’un « direct to DVD » ! Que font les distributeurs ? Le projet est ambitieux, il s’agit d’un premier film, que dis-je d’un dytique ambitieux ! Et même si je n’ai pas vraiment aimé, il faut reconnaître que pour une « œuvre de débutant » c’est quand même pas mal du tout. Au vu du final, même si je préfère des œuvres plus anciennes adaptées de Lovecraft (allez faire un tour du côté de Roger Corman même si la fidélité à l’œuvre est loin d’être au rendez-vous), il me tarde de plonger dans la suite qui devrait expliquer beaucoup de choses et qui pourrait s’avérer bien plus ambitieuse à tout point de vu.

Affaire à suivre…

 

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03/03/2014
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