Les Ô troubles

Tome 1 : Sanaé reçoit un appel téléphonique d’Hayahi, un ancien petit ami du lycée. La présence de son mari ajoute un certain malaise à ce coup de fil surprenant. Ce n’est pourtant qu’à la deuxième sollicitation que l’angoisse d’être harcelée commence à l’assaillir. Lors du troisième appel, elle découvre que son mari vient d’être sauvagement assassiné dans la baignoire...

Tome 2 : Le soir du jour de l’an, Sayuri s’éclipse de sa maison en prétextant rejoindre trois amies au temple Shinto. Son père qui aurait préféré qu’elle reste à la maison la suit et découvre qu’elle a en fait rendez-vous avec son petit ami. De retour à la maison Sayuri, se retrouve seule, son papa s’étant absenté. Par hasard, elle tombe sur le journal intime de celui-ci et découvre l’horrible vérité sur le décès de sa maman...

        Ça fait un moment déjà qu’un certain donneur d’avis qui s’exprime ici (cf. L’horreur dans le retro !) m’avait confié le volume 1 de ce manga, précisant : « ça devrait te plaire ». Je dois bien l’avouer, à la vue du graphisme, j’ai mis un certain temps à me plonger dedans. Puis, de retour dans  ma phase «épouvante nippone » il y a peu, j’ai voulu goûter. Mais… pourquoi ai-je attendu si longtemps ?! Ok, j’y reviendrai, le visuel n’a rien de palpitant, mais ces petits récits ! On les goûte du bout des lèvres et on finit par s’empiffrer avec les mains ! Il y en a qui, certes, sont loin de me convaincre, mais d’autres en revanche valent la peine qu’on s’y arrête. Devoir attendre après l’envoi des tomes 3 & 4…c’est horrible.

        Le thème général ? Des histoires d’horreur bien sûr, mais sur fond de quotidien japonais, de quotidien humain pourrait-on tout aussi bien dire. Oui, c’est là que les récits d’Ochazukenori puisent un aspect particulièrement dérangeant ; c’est le père et  la fille, le groupe d’amis et d’écoliers, les sœurs… Habituel me direz-vous…et pourtant, il y a dans le contenu de ces bulles quelque chose de plus… une violence raffinée dans les liens qu’entretiennent les protagonistes, des paroles monstrueuses et des actes bien plus monstrueux encore. L’auteur cherche aussi à placer du suintant, du visqueux, des petits craquements malsains, à mêler l’horreur au mystère. Pas toujours réussi, mais quand ça fonctionne, c’est plutôt sympa !

        L’horreur des histoires repose sur plusieurs éléments, on va du monstre au revenant, du tueur au fou en passant par la légende morbide. Bien sûr, j’ai mes petites favorites: Ascenseur (tome 1) Boule de chair (tome 2) Eau maudite (tome 1) ou encore Stores vénitiens (tome 2). Bref, je m’arrête là, parce que d’autres en revanche m’ont clairement déçue. L’avantage de ce type d’ouvrage, c’est que la succession des histoires ne laisse pas le temps de s’enliser dans un texte déplaisant, on l’avale vite et le suivant est déjà là.

        Certaines plaques sont dérangeantes. En effet, le visuel est simple, le trait épuré, les détails réduits au minimum et pourtant, le lecteur n’est pas épargné. Le style devient finalement cru, faute de soin. Il semble ici que l’auteur ait aussi, et surtout, voulu jouer sur les sonorités qu’il prend soin de faire ressortir (à outrance parfois d’ailleurs). Il faut se plonger aveuglément dans les pages pour y être sensible, essayer de recréer autour de soi une ambiance à la Fruit Chan ou à la Nakata.

        Un petit point négatif ? L’absence de « belles » plaques. Je veux dire par là que c’est véritablement le fond qui séduit ici, tandis que la forme est l’élément auquel il faut s’habituer, et encore, par moment on ne peut que déplorer les traits…avis personnel d’une habituée de comics aux vignettes soignées…

Ceci étant, Ochazukenori signe là son premier manga, et le style semble-t-il, va en s’arrangeant…