La sagesse des morts, Rodolfo Martinez (traduit de l’espagnol par Jacques Fuentealba), aux Éditions Mnémos, janvier 2010
Et si toutes les histoires de Sherlock Holmes ne vous avaient pas été révélées ? Rodolfo Martinez a-t-il retrouvé les manuscrits perdus du bon docteur Watson, où l'on découvre le monde fantastique - celui de Lovecraft, celui de Van Helsing - bousculant à plaisir l'esprit cartésien du 221 B Baker Street ? Quand le plus célèbre des détectives britanniques se met en chasse du fameux All Azif, le Necronomicon de toutes les peurs cachées, pour épargner au monde les sombres desseins d'une secte américaine, il nous entraîne à le suivre jusqu'aux protes de l'enfer. La Sagesse des Morts est un de ces bonheurs qui mêlent hommage et aventure, où l'humour affleure sous les sombres menaces et où le respect dû à l'oeuvre originale n'empêche pas l'auteur de nous perdre à plaisir sur des chemins de traverse. (4e de couverture des Éditions Mnémos)
Cet ouvrage nous présente trois aventures « inédites » du célèbre Sherlock Holmes. Si avant de m’attarder plus longuement sur chaque texte je devais donner un avis général, il ressemblerait à cela :
« Le décor est avant tout londonien, l’ambiance mystérieuse, les questionnements omniprésents et le récit riche en rebondissements qui, bien qu’ils soient plus ou moins prévisibles, restent crédibles pour la plupart. Le style cherche à respecter les normes de son époque originale. Ainsi donc, il n’est pas question ici de violence, mais plutôt du doux brouillard londonien comme on l’aime…avec tout de même un petit quelque chose en moins, et ce fut ma plus grande déception au cours de cette lecture : l’ambiance d’Holmes peine à transcender les pages… »
Le premier texte éponyme, « La sagesse des morts », a su me happer puis…m’a tout aussi vite lassée. En réalité, je n’ai pas retrouvé ici le brio des déductions « élémentaires » de ce célèbre détective…Cependant, les personnages sont mis en scène d’une manière noble et drôle qui ne m’a pas échappée. En effet, on sourit en lisant ce « texte inédit ». Ici, Holmes traque celui qui se fait passer pour un autre et se voit dans l’obligation de dépasser les limites du « normal » pour investir un univers surnaturel, dans lequel le nom de Lovecraft prend tout son sens. L’ouvrage mythique du célèbre Howard Phillips est au cœur d’une intrigue qui, malgré quelques maladresses maitrisées, reste riche en ricochets. Le manque que j’ai perçu vient peut-être de la chute qui m’a semblé d’une simplicité presque choquante ! Ceci étant, j’ai passé un très agréable moment malgré tout, introduire la famille Lovecraft dans une enquête de Sherlock Holmes fut osé et de ce fait intéressant à découvrir.
La deuxième enquête, bien que classique, m’a davantage séduite. On a l’impression de voir Bela Lugosi interpréter à nouveau son grand classique. Mais quand j’y réfléchis, j’ai apprécié parce que je ne me suis pas imaginé qu’il s’agissait du héros de Conan Doyle. Excepté pour les noms et pour certaines situations « secondaires », je n’ai pas réussi à me mettre vraiment dans l’ambiance londonienne (peut-être, je le concède, n’était-ce pas le moment pour moi de lire ce type d’ouvrage ?). Il n’y a pas de grandes surprises, mais il est bon parfois de retrouver des éléments traditionnels : un vampire qui craint l’ail, les crucifix ... Cependant, bien qu’il soit ici question de vampirisme, l’auteur ne joue pas vraiment la carte du gothisme. Alors que l’ère victorienne regorge de lieux sombres, de cimetières majestueux et de ruelles tortueuses, ici on se contente de lieux communs bien moins enivrants. C’est un aspect qui m’a clairement contrariée. On est presque plus proche alors du Balle des vampires (J’adore ce film !).
Le troisième texte est court, simple et efficace. Je ne dirais pas qu’il est à marquer dans les annales de la littérature, cependant, il saura sans doute vous distraire une petite heure. Malheureusement pour ma part, j’ai trop vite compris la supercherie ! En fait, je trouve que celui-ci tend plus vers le Barnaby que vers le Sherlock Holmes….
Ce qui est à transcrire à propos de cet ouvrage, ce sont les efforts de l’auteur pour entraîner son lecteur à croire, à vivre l’aventure dans l’écrin qu’il lui donne. Si nous jouons le jeu, alors Londres du célèbre Conan Doyle se teinte d’une facette mystique et les rencontres qui auraient pu se faire il y a longtemps prennent corps dans un univers irréel et plaisant.
Le plus gros tord de ces textes peut peut-être trouver son explication dans leur taille qui ne laisse que très peu de marge à l’auteur pour nous insinuer les faits. Et très peu de temps au lecteur pour s’immiscer dans la trame…Cette présentation des évènements m’a vraiment embarrassée, et pourtant, ceux qui me connaissent ne sont pas sans savoir à quel point j’exècre les longueurs littéraires !
Pour conclure ? Et bien il y a ici un peu de tout, du bon, du mauvais, du crédible et du décevant. J’aimerais lire un second ouvrage de cet auteur parce que là, très sincèrement, j’ai un goût d’échantillon dans la bouche…
A découvrir aussi
- Un autre, de Christophe Nicolas, aux Éditions Du Riez
- Maraudeur, de Laurent Fétis, aux Editions Lokomodo, juin 2013
- Corps manquants, de Colleen McCullough, Éditions de Noyelles, 2008 (publié à New York dans sa version originale : On Off, par Simon & Schuster, 2006)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 21 autres membres