Les Ô troubles

Les Ô troubles

L’abîme, Charles Dickens & Wilkie Collins, 1867 (Éditions du Masque, 2010)

        Walter Wilding, riche négociant en vin, mène une vie heureuse auprès de sa mère, à qui il doit sa fortune et sa réussite sociale. 
À la mort de celle-ci, la découverte d'un terrible secret va bouleverser son existence : il n'est pas son vrai fils! 
Rongé par la culpabilité d'avoir usurpé l'identité - et l'héritage - d'un autre, Walter décide de se lancer à la recherche de ce mystérieux double.
Mais qui est donc le véritable Walter Wilding ?

(4e de couverture des Éditions du masque)

 

 



 

       Alors, pourquoi ce livre ? Et bien tout simplement parce que j’adore Wilkie Collins, parce que ce livre m’a été

présenté comme une œuvre méconnue, parce que le résumé m’a conquise.

 

 

Mon avis premier est très simple : c’est loin d’être ce à quoi je m’attendais et le résumé est assurément le coupable de cette fausse orientation. En effet, ici il est question d’une tout autre histoire que celle de la recherche d’un enfant devenu grand sous une fausse identité. Certes ce point est bien présent dans le récit, mais ce n’est que l’un des éléments d’une histoire bien plus complexe. Il n’est pas non plus question des bas quartiers londoniens. En effet, Londres constitue l’un des décors de la narration, mais la capitale n’a pas le monopole des faits. Finalement, ce livre ne m’a pas fait l’impression d’une descente vers L’abîme

 

Ceci étant, ce revirement de situation n’est pas pour me déplaire. En effet, l’histoire qui se trame, bien que plutôt légère à mon goût, reste prenante. Elle met en scène des caractères humains différents, mais contraints de vivre ensemble, ne serait-ce que pour un voyage. Les échanges de politesses sont parfois bien plus évocateurs que le plus franc des discours et c’est là que s’exerce l’art de nos deux auteurs. Il y a derrière ces formules, derrière les apparences bourgeoises du 19e évoquées ici, des qualités fortes, des désirs lancinants et des envies meurtrières tonitruantes. C’est l’un des points forts de ces pages (ça, ce n’est que mon avis !).

 

La narration quant à elle est faite de sorte que l’on puisse ressentir le danger, mais qu’aucun indice ne nous précise concrètement le moment exact de se venue…la répétition de pensées assassines devenues obsédantes, la naïveté d’une victime désignée…Le bal se met en branle sous nos yeux et le suspense est racoleur. C’est ce qui ajoute au récit, ce qui crée son opacité qui, bien que peu profonde, n’en reste pas moins très enveloppante.

 

La déception de ne faire qu’effleurer Londres fut vite oubliée lorsque l’auteur nous porta dans mes chères Alpes, puis dans ma Suisse adorée ! L’image véhiculée ici de la montagne est vraiment intéressante, comme je l’aime. Il n’est pas question des clichés odieux charriés par notre époque. Non, dans cette œuvre, la montagne est belle parce que dangereuse, parce que souveraine, parce que mortelle. Elle domine l’Homme de par sa taille et de par ses pouvoirs. Elle est ombre, tempête et abris. Elle est superbe ! (Vous l’aurez compris, j’idolâtre complètement ces régions qui constituent ma fuite et mon refuge).

 

 Le découpage du livre est vif, dynamique et en même temps captivant. Il est question d’actes ici, (quatre pour être précise) tout se joue comme lors d’une pièce de théâtre. On ne se perd pas dans d’interminables détails, dans d’éprouvants monologues…je préfère ça !

 

Les personnages sont plus proches de l’esquisse que du portrait complet, mais les traits qui sont ici précisés me paraissent suffisants au récit. On sait ce que l’on doit savoir d’eux et c’est très bien. Bien sûr, on se surprend à s’énerver parfois contre la naïveté d’un Vandale ou d’un Wilding, contre le sort qui semble s’acharner, mais…davantage aurait sans doute déséquilibré le partage récit/présentation. À cela s’ajoute le petit nombre de protagonistes, ce qui permet une prise de contact simple et efficace.

L’histoire d’amour entre Vendale et Marguerite est primordiale, belle et forte. Mais je ne suis pas fan de ce genre de passion dans ce que je lis. Le seul point positif ici c’est que cette relation sert l’intrigue…mais je ne vais pas m’attarder plus que ça dessus parce que je n’y suis pas sensible…(Encore qu’elle garde un cachet que nombre de ses contemporaines ont bradé aujourd’hui !)

 

Pour conclure, je le conseille à tous ceux qui souhaitent faire un petit tour au cœur d’une histoire simple et agréable, aux rebonds discrets, mais efficaces !

 



07/05/2013
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